Formation des bibliothécaires Lire en Afrique

mercredi 23 février 2022
par  LEA
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Combien de fois avons nous entendu cette question : Dans le réseau Lire en Afrique, les bibliothécaires sont-ils diplômés de l’EBAD (Ecole des Bibliothécaires et Archivistes) ? Eh bien non, en majorité non. La raison en est simple, dans tous les cas que nous avons rencontrés, à l’exception de la ville de Dakar, aucune autre collectivité territoriale n’a dégagé de fonds pour faire fonctionner une bibliothèque, ni pour l’investissement, ni pour le fonctionnement, ni pour le recrutement et la rémunération des professionnels diplômés. Aussi Lire en Afrique, a-t-elle développé un modèle où des bénévoles sont à même de gérer les bibliothèques communautaires dans des horaires compatibles avec leur occupation principale, c’est-à-dire sous forme de permanence. Mais s’ils ne sont pas diplômés, les bibliothécaires du réseau Lire en Afrique sont formés et bien formés. Lire en Afrique a en effet développé, au fil du temps, une politique de formation pointue en direction des bibliothécaires de son réseau. Aujourd’hui le réseau compte bon nombre des bibliothécaires chevronnés dont la compétence, pour gérer les bibliothèques dont ils ont la charge, n’a guère d’égal au Sénégal.

Table des matières

Première décade 1992-2002 : Formation en compagnonnage
De 2002 à 2007 : Stages spécifiques, animés par des professionnels venus de France

  • Avril 2003 Ouakam : formation à l’ « Animation Lecture jeunesse »
  • 2006 Kayes (Mali) formation à l’animation jeunesse
  • Janvier 2007 Yoff ; « jouer la science » formation à l’animation scientifique en bibliothèque

A partir de 2007 : Stages « Faire vivre votre bibliothèque » conçus et diffusés par Lire en Afrique

  • Avril-2007, à Ngasobil, premier stage faire vivre sa bibliothèque
  • Avril 2009 à Simbandi Balante second stage faire vivre sa bibliothèque
  • Février 2010 Ngasobil troisième stage « faire vivre ma bibliothèque »
  • Février 2011 Ngasobil quatrième stage « faire vivre ma bibliothèque »
  • Fevrier 2012 Ziguinchor cinquième stage « faire vivre ma bibliothèque »
  • Février 2013 Ziguinchor sixième stage « faire vivre ma bibliothèque »
  • Février 2014 Coubalan septième stage « faire vivre ma bibliothèque »
  • Décembre 2016 Keur Madiabel, huitième stage "faire vivre ma bibliothèque"

Formation décentralisée par les pairs à partir de 2015

  • 2015 : A Simbandi Brassou, formation du bibliothécaire de Simbandi Brassou par Edouard Corréa bibliothécaire de Simbandi Balante depuis 2007.
  • 2016 : A Mlomp formation des bibliothécaires de Djinaki, Thionk Essyl, Thiobon et de Baranlir, par Lamine Diatta, bibliothécaire à Mlomp depuis 2005.
  • 2016 : A Ziguinchor, journée de regroupement des nouveaux bibliothécaires et de leurs formateurs.
  • Autres stages organisés ponctuellement
  • Avril 2009 : création du stage « mise en mains des dotations de renouvellement » à Joal
  • 2011 Dakar stage spécifique sur les outils de gestion et le bilan annuel pour les bibliothécaires de la ville de Dakar

PREMIERE DECADE 1992-2002 : FORMATION EN COMPAGNONNAGE

Pour la mise place en 1992 de la Bibliothèque Ousmane Sembene de Yoff (BOSY), tout s’est fait en commun entre des membres de Lire en Afrique venus de Paris et les bibliothécaires : le plan et la fabrication des rayonnages, le traitement des livres et leur installation, la méthode de gestion. Si bien que la question de la formation ne s’est pas posée puisque nous inventions, ensemble, pas à pas, une façon de faire adaptée aux usagers de cette bibliothèque. Cette bibliothèque de 3000 livres initialement, a vu ses collections complétées, années après années, jusqu’à atteindre 12 000 ouvrages. Une équipe de Lire en Afrique, à l’époque ARYF association des Yoffois en France), passait plusieurs semaines chaque année et travaillait coude à coude avec l’équipe de bibliothécaires qui s’étoffait chaque année. Elle rencontrait lecteurs et lectrices pour comprendre leurs besoins et habitudes de lecture.

BOSY : étape de classement des livres
BOSY : la première équipe

Lorsque d’autres villes ont cherché à créer une bibliothèque, la question de la gestion quotidienne s’est posée immanquablement. Lire en Afrique leur a proposé d’adopter la méthode de gestion peaufinée à Yoff, qui avait fait ses preuves d’efficacité et avait l’avantage d’impliquer le lectorat dans tous les actes d’administration de leur bien commun. Mais comment transposer cette méthode et l’adapter aux réalités locales de chaque projet, chaque ville et village ayant ses particularités ?

Dans la première décade de nos actions, la transmission s’est faite en compagnonnage. A cette période, avec la création d’une bibliothèque par an en moyenne, nous avions tout loisir de participer à chacune des étapes du projet en direct avec l’équipe des futurs bibliothécaires : découverte et présentation des livres, enregistrement au registre d’inventaire, préparation des livres, classement dans les rayonnages, organisation de l’espace après avoir fait confectionner les rayonnages, positionnement du mobilier et discussion du fonctionnement souhaité, zones à attribuer à tel ou tel usage, bien fondé de telle ou telle installation, rédaction et adoption du règlement intérieur, promotion auprès des lecteurs potentiels, et enfin opération « portes ouvertes » pour faire connaître la bibliothèque à son environnement. Tous les aspects étaient définis en commun, c’est ainsi que les savoirs techniques se transmettaient en même temps qu’une conception du travail bénévole, puisque nous-mêmes, venues de France, nous ne nous épargnions pas, dans ce travail de mise en place.

De plus, nos visites annuelles étaient l’occasion de reprendre ce qui semblait avoir été oublié : principalement des rappels quant à la tenue des registres, la récupération des documents prêtés, le classement des livres dans les rayonnages, le rangement et la propreté de la bibliothèque, les relations aux lecteurs, aux établissements scolaires, aux autorités coutumières et administratives locales, etc.
La méthode a évolué au fil des visites grâce aux bonnes idées glanées sur le terrain et propagées aux autres bibliothèques comme l’idée d’intégrer les plus jeunes à la gestion de la bibliothèque en les responsabilisant (BOSY), limiter le prêt des œuvres au programme à 1 semaine (BOSY), accueillir le préscolaire à la bibliothèque avec les albums (Mlomp), organiser des partenariats avec les établissements scolaires (Meckhé), organiser des séances de contes (Keur Madiabel) et des débats à partir des livres (Dioffior, Kahone), etc.

En préparation de chaque visite annuelle, nous échafaudions de nouvelles idées, que ce soit dans l’animation des bibliothèques ou dans l’optimisation des tâches, mais la sagesse était de nous en remettre avant tout aux capacités et aux envies des bibliothécaires et de nous adapter aux contraintes locales. C’est un gage de pérennité pour les bibliothèques, c’est aussi une façon de combattre des préjugés dont celui qui veut « au Sénégal, le bénévolat ne marche pas ! » et de rompre avec l’arrogance de certaines ONG qui importent un savoir tout fait mais venu de contrées avec d’autres réalités.

DE 2002 A 2007 : STAGES SPECIFIQUES, ANIMES PAR DES PROFESSIONNELS VENUS DE FRANCE

  • Avril 2003 Ouakam : formation à l’« Animation Lecture jeunesse »

Suite à deux accords de principe, celui de La Joie par les livres et celui du Conseil Régional Ile de France de prendre en charge le financement du séjour de l’animatrice Marie Girod, volontaire pour intervenir bénévolement, un stage d’une semaine est programmé au Sénégal.

Nous avons interrogé l’ensemble des équipes des bibliothèques de la région de Dakar pour définir la période la mieux adaptée à ce stage, les conditions de participation, les possibilités de restitution et d’application des nouveaux acquis. Le choix s’est porté sur la mois d’avril 2003, dans la première semaine des vacances scolaires d’avril, période de disponibilité des bibliothécaires pour la plupart étudiants ou lycéens.

Sont inscrits à ce stage 3 bibliothécaires pour chacune des bibliothèques de Yoff, Ouakam, Bargny, Sébikotane, Thiaroye Kao soit 15 stagiaires. Tous s’engagent à assurer des animations en direction de la lecture jeunesse pendant un an ou deux et à partager leurs connaissances avec ceux qui n’auront pas pu participer à ce stage.
Sur le plan logistique, le stage se déroule dans les locaux du foyer des jeunes de Ouakam dont nous avons obtenu l’accord. Les élèves de l’élémentaire gérée par l’association ALAL sont invités en tant que lecteurs, à participer aux séances pratique d’animation (au premier jour d’inscription, ils sont déjà plus de 100 élèves volontaires).

Marie Josèphe et Eliane arrivent de France le week-end précédant le début du stage pour mettre en place toute la logistique de l’opération.

Les bibliothécaires de Sébikotane, Bargny et Thiaroye Kao viennent de la périphérie de Dakar et les transports sont très longs. Un hébergement est retenu pour eux à l’auberge le Via Via à Yoff. Ils en sont enchantés. Cette organisation en semi résidentiel aura beaucoup contribué à la bonne ambiance qu’ils ont tous appréciée et relevée dans leur bilan de fin de stage.

Faute de restaurant à Ouakam, pour les repas de midi, la famille où nous sommes hébergées propose que les repas soient préparés chez elle, puis transportés au foyer de Ouakam où les stagiaires déjeuneront sur place. A nous de prévoir la vaisselle et les vivres : riz, légumes, poissons, poulets, boissons sucrées, thé, etc. Nous ferons les courses pour 20 personnes et pour 5 jours au marché Tilène à Dakar et chez les frères Ba, grossistes de Ouakam. Surprise le prix des denrées alimentaires est sensiblement le même qu’en France. Jusqu’alors, hébergées chez l’habitant, nous n’avions jamais eu à faire le marché.

Avant de s’engager, l’animatrice exprime quelques craintes. En effet, elle a gardé un très mauvais souvenir d’un stage précédent qu’elle est venue animer à Dakar pour le compte du ministère de la culture. Elle a été logée dans un hôtel à Dakar, en centre-ville où on l’a "abandonnée". Les stagiaires qu’elle était sensée former restaient totalement indifférents au contenu de la formation. Nos options la rassurent : Elle sera hébergée à N’gor à l’hôtel « le Calao » constitué de cases individuelles dans un parc arboré au bord de l’océan où nous la retrouverons tous les soirs pour dîner, dans un restaurant de la place. Quant aux stagiaires, leur degré d’implication dans leur bibliothèque est un gage d’intérêt pour ce futur stage.

Ses craintes seront vite oubliées. Les soirées nous ont permis de discuter et de comparer nos pratiques associatives. Marie ne cessait de dire que nous étions semblables : agacées par la futilité et les soi-disant honneurs du pouvoir, cherchant l’efficacité, exerçant nous-mêmes toutes les tâches, travaillant sans subvention et sauvegardant notre indépendance. Elle se disait enchantée de notre collaboration. Son mari, scientifique, qui l’a rejointe, a proposé le soir même de son arrivée, une conférence d’une demi-heure sur la création du monde qui a passionné l’auditoire des stagiaires.

Marietou Diongue Diop, alors directrice du livre et de la lecture (DLL) a souhaité faire participer deux personnes de son équipe à ce stage, requête refusée par Marie Girod catégoriquement. Elle avait déjà eu la mauvaise surprise de voir son travail copié par des fonctionnaires indélicats, qu’elle avait acceptés comme auditeurs libres dans ses stages. Seuls seraient donc admis les bibliothécaires amenés à reproduire les techniques d’animation. De la même façon, nous-mêmes n’avons pas été admises à assister à ce stage.

Alioune Gueye, bibliothécaire à la BOSY, s’est chargé d’organiser les transports de tous. Il s’est très bien acquitté de sa tâche et a même pris l’initiative d’organiser un café brioche à la pose de chaque matinée.

Finalement, il y a eu quelques modifications par rapport aux prévisions de participation
• 5 stagiaires de Yoff Alioune Gueye, Adama Dione, Mamadou N’doye, Khady et Mariama
• 2 de Bargny dont 1 nous a quitté le soir du second jour, il avait trouvé du travail à la SOCOCIM et commençait dès le lendemain : Mamadou Sembene
• 4 de Ouakam : les 3 bibliothécaires prévus : Daouda Gueye, Assane Moulay, Kene Boughoul et Pape Alioune Wade. Pape Alioune Wade, directeur d’une école préscolaire a montré sa passion pour les livres destinés à la petite enfance, il nous a aidé à déballer les spécimens prévus pour le stage. Nous l’invitons donc à participer et Marie nous dira, par la suite, qu’il fut le meilleur de tous en animation
• 1 de Matam Fodé Seini
• 1 de Thiaroye : Mamadou Corréa

Ce stage s’est déroulé à la grande satisfaction des stagiaires et de l’animatrice. Le bilan écrit du stage a été rédigé par 3 d’entre eux : Alioune Gueye, Mamadou N’doye et Adama Dione.

Marie a évoqué la possibilité de renouveler l’opération avec des stages scientifiques animés par son association « A fond la science ».

La directrice de la DLL qui souhaitait rencontrer Marie Girod, est venue le vendredi soir à Ouakam pour la clôture du stage. Elle a pris la parole pour un discours général qui n’a pas impressionné les stagiaires « paroles, paroles disaient-ils ! ».

Elle nous a fait savoir qu’elle n’avait pas apprécié notre refus d’accueillir, en tant qu’observatrices, ses deux responsables du projet FSP, Sandrine et N’deye Coumba. Quand elle a appris que Marie Girod était venue bénévolement et était libre d’accepter des officiels ou non à ce stage, elle en est restée très étonnée.

Marie Girod
Exercice pratique : signalétique
Atelier d’animation en situation
  • 2006 Kayes (Mali) formation à l’animation jeunesse

En 2006, la région Ile de France a financé un stage pour les bibliothécaires de Kayes, au Mali organisé par l’association Autre Monde et animé par Marie Girod. La région IDF souhaitait instaurer des actions de coopérations plus larges qui incluent Mali, Mauritanie et Sénégal, a décidé d’ouvrir le stage à 5 bibliothécaires sénégalais du réseau Lire en Afrique.

Cette idée, germée à Paris, s’est révélée très problématique dans sa mise en œuvre sur le terrain pour des questions de logistiques d’abord. Il a fallu trouver 5 bibliothécaires à même d’assumer les questions administratives et logistiques posées par ce déplacement, comme par exemple, obtenir, auprès de la DRH du ministère de l’Education Nationale, les autorisations de sortie du territoire et d’absence pour les deux enseignants du groupe, pour le directeur du cercle Maurice Gueye de Rufisque, des démarches analogues ont dû être engagées, auprès de son autorité de tutelle, le DG de la SOCOCIM.

Le trajet, Dakar Kayes, a été effectué en minibus avec chauffeur mis à disposition gracieusement par la SOCOCIM, seul le carburant restait à notre charge. Le trajet s’est révélé être très long et fatiguant avec un arrêt sur la route pour Kayes via Matam et Bakel, pour prendre en charge les stagiaires de Ndande et Dagana ! A l’arrivée, mauvaise surprise, stagiaires sénégalais et animatrice étaient hébergés dans un endroit indigne. En urgence, Eliane qui accompagnait le groupe a décidé de transférer tout le monde dans un hôtel convenable, après concertation avec Marie Josèphe restée à Paris et le mari de l’animatrice, Marie Girod. Cette dernière était arrivée la première, déprimée par les conditions épouvantables d’hébergement. Les stagiaires Lire en Afrique ne comprenaient pas pourquoi on les avait entraînés dans une telle galère. Certains avaient l’expérience d’autres stages organisés à Saint Louis et à Dakar, en résidentiel, par la direction du livre et de la lecture. Ils y étaient accueillis, correctement logés, le programme prévoyait des activités le soir pour que les stagiaires fassent connaissance et nouent des relations de coopération par la suite. La différence avec ce qu’ils vivaient à Kayes était abyssale.

Eliane était très en colère, mais en même temps profondément affectée par la désinvolture des organisateurs pourtant entièrement financés par la région Ile de France. Le responsable, un volontaire français, Guillaume, s’est d’ailleurs éclipsé pendant tout le temps du stage, alors qu’il y avait mille problèmes logistiques à régler. Et pour couronner le tout, alors qu’Eliane avait dû improviser et pourvoir elle-même, à l’hébergement et à la restauration de toute l’équipe, les organisateurs ont refusé tout remboursement et remis des enveloppes de dédommagement aux 5 stagiaires qui les ont, bien sûr, considérées comme des cadeaux personnels. Ils se sont empressés d’aller au marché acheter le tissu réputé du Mali, le « Thioub » pour les fêtes de la Tabaski, au cours desquelles chacun doit paraître dans une tenue nouvelle. Eliane rentrait à Dakar avec une belle ardoise pour Lire en Afrique.

Autre Monde est une ONG, fonctionnant avec du personnel rémunéré et est un peu touche à tout. Elle gère un espace à Paris et se place sur les créneaux porteurs de subventions. La bibliothèque à Kayes, qui n’est pas le cœur de son activité, bénéficie de gros moyens, contrairement aux bibliothèques du réseau Lire en Afrique. En plus des bibliothécaires, elle rémunère des enseignants qui y interviennent pour offrir des cours de soutien. Bien qu’implantée sur un seul site, elle bénéficie pourtant d’un véhicule 4/4 Patrol. Mais pour quel usage ? Bref on est loin de la sobriété de Lire en Afrique. Cette opération fut un fiasco sur toute la ligne. Et les pratiques associatives de Autre Monde et de LEA sont si radicalement différentes qu’aucune collaboration n’était envisageable.

  • Janvier 2007 Yoff ; « jouer la science » formation à l’animation scientifique en bibliothèque

En 2007, nouveau stage : Une semaine de formation à l’animation scientifique pour 10 bibliothécaires, associée à une exposition avec 56 expériences réalisées, et une dotation d’environ 200 ouvrages scientifiques pour 20 bibliothèques.
Le stage s’est déroulé au centre socio-culturel de Yoff Extension, choisi pour sa proximité avec des possibilités d’hébergement et de restauration pour les animateurs et stagiaires à l’auberge « Via Via ». La localisation de ce stage s’est révélée pratique pour fournir au formateur les petits matériels supplémentaires pour les expériences, car, dans le périmètre, on trouve tout, au supermarché, à la pharmacie, dans les boutiques traditionnelles et modernes, y compris photocopies et accès internet.

Malheureusement, 2 candidats se sont désistés : Alioune Cissé de Dioffior, Paul N’diaye du collège de la petite Côte, tous deux enseignants dans un collège.
Etaient présents : M’bene Diack, Rokheya N’gom, Me Cissé, Abdouliaye Niang de Yoff Extension ; Cheikh Thiam de Dioffior ; Moussa Djitté de Meckhé, Mbaye Fall de N’dande ; Moustahine Gueye de Thilmakha ; Waly Faye de Thiaroye ; Angélique de Point E ; Moussa Fall de Pikine ; Amy Diène de N’gor ; Marième Diop de Ouakam, Ousmane N’doye de la BOSY et Pape Matar Fall de Thilmakha.

Sont venus en visite : Omar M’bengue, professeur de mathématiques et directeur de l’école privée Mandione Laye qui réclame une bibliothèque pour son établissement ; Alassane Faye de la BOSY ; M’baye Thiaw, professeur de sciences dans 2 écoles privées du périmètre ; Souleymane Gomis de Simbandi Balante ; Lamine Thiam, professeur de français au nouveau lycée de Yoff, Président du foyer de Dioffior.
Le stage prévoyait deux jours en face à face suivis de deux jours de pratique avec les élèves de l’école Mandione Laye. Les huit thèmes à aborder, illustrés par huis panneaux d’exposition ont nécessité chacun ½ journée de présentation par l’animateur si bien qu’il n’y a plus eu de temps pour les travaux pratiques avec les élèves des écoles voisines.

D’autre part, pour ancrer l’activité de la bibliothèque de Yoff Extension dans le tissu local, il avait été convenu avec les responsables (directrice et bibliothécaires) qu’elles mettent à profit cet événement, accueilli dans leurs locaux, pour inviter les autorités locales et les écoles de proximité, mais l’engagement n’a pas été tenu, et aucun contact n’a été pris.

L’animateur, Olivier, rédigeait un compte rendu quotidien avec photos, remis en fin de stage sous forme de CD ainsi que différents supports à exploiter en bibliothèque.
Marie Josèphe a filmé une des séquences pour le compte de ALPHA B TV.

5 stagiaires semblaient particulièrement impliqués : Cheikh Thiam, Moussa Djitté, Moussa Fall, M’baye Fall et Angélique : sans surprise, ce sont aussi les meilleurs bibliothécaires, ceux qui enregistrent les meilleurs résultats.

Les stages animés par des professionnels venus de France ont très vite présenté leurs limites à nos yeux :
Ce type de stage, présente de nombreux inconvénients :

  • Leur contenu : Tous ces stages sont des stages de perfectionnement. Ils sont trop spécifiques et supposent les bases du métier de bibliothécaire connu. Ce qui n’est pas le cas de tous les bibliothécaires du réseau Lire en Afrique qui sont pour la plupart débutant et doivent être formés d’abord à la gestion quotidienne d’une bibliothèque communautaire.
  • Leur coût : Ces stages, parce qu’ils impliquent la rémunération de l’animateur français et sa prise en charge logistique, nécessitent des financements externes. Ils ont plutôt été organisés dans le cadre de projets spécifiques, extérieurs à l’activité courante de Lire en Afrique qui consiste à mettre en place des bibliothèques et à en assurer le suivi.
  • Leur inadéquation aux besoins ressentis : les stagiaires s’intéressaient à l’animation jeunesse et scientifique mais leurs préoccupations essentielles étaient aussi simples et cruciales que tenir la bibliothèque, gérer les livres et les prêts, accueillir les lecteurs, entretenir les ouvrages et les lieux, toutes choses qui semblent aller de soi pour les animateurs extérieurs et qui pourtant sont problématiques pour les bénévoles sur le terrain.
  • L’absence de connaissance approfondie du milieu. Ces stages conçus en France ne sont pas transposables, en l’état, aux réalités sénégalaises. Si en France, les élèves de collège sont habitués à participer à des expériences en cours de sciences, cela n’est pas le cas au Sénégal. De même, si en France les enfants ont eu à manipuler des cubes, des legos, etc, et ont acquis une certaine dextérité dans la manipulation d’objets, ce n’est pas le cas au Sénégal. Monter et manipuler des modèles réduits exige une grande habileté et beaucoup la méticulosité. Mais les stagiaires n’y étant pas habitués se montraient maladroits, provoquant l’impatience et l’exaspération de l’animateur.
Formation science 2007
Mise en pratique à Dioffior
Mise en pratique à Pikine

A PARTIR DE 2007 : STAGES « FAIRE VIVRE VOTRE BIBLIOTHÈQUE » CONÇUS ET DIFFUSES PAR LIRE EN AFRIQUE

A partir de 2006, les mises en place de bibliothèque se sont multipliées. Nous avions la capacité de répondre à davantage de demandes et, chaque année, de mettre en place plusieurs bibliothèques. Il nous fallait changer nos méthodes afin de faire face à ce surcroît considérable d’activité et, en particulier, repenser la formation.
L’idée est née de regrouper les bibliothécaires et de les former par cohortes annuelles.

Pour construire cette nouvelle formation, Éliane a étudié le contenu des stages existants. Mais ces contenus se sont révélés très inadaptés aux tâches à réaliser dans une bibliothèque Lire en Afrique, gérée par des bénévoles, sous forme de permanences.

Forte des dix ans passés au secteur conception de formation professionnelle dans la banque où elle était employée, elle a décidé de partir, non pas du contenu, mais du besoin, comme il se doit dans toute formation professionnelle. Grâce au compagnonnage et au suivi rapproché des bibliothèques du réseau exercés depuis 15 ans, les différentes missions des bibliothécaires lui étaient très familières. Elle s’est donc donné pour objectif de bâtir des stages destinés à former, non pas des exécutants, mais des responsables de bibliothèque, ce qui signifiait traiter aussi des relations avec les autorités coutumières et administratives, de la promotion de la lecture dans le milieu, du partenariat avec les établissements scolaires, tous sujets traditionnellement laissés hors du champ de compétences d’un bibliothécaire de base.

Il fallait aussi remédier à un problème majeur : la connaissance des livres. La majorité des stagiaires appelés à gérer une bibliothèque n’est jamais entrée dans une bibliothèque et n’a que rarement eu un livre en main. L’un d’entre eux nous a dit, d’entrée de jeu : « on m’a dit bibliothèque mais je ne sais pas ce que ça veut dire bibliothèque ». Autre source de difficultés, quand nos interlocuteurs parlent de livres, ils pensent manuels, le seul document qu’ils ont eu l’occasion de voir dans leur vie. Il est donc indispensable de présenter le contenu des dotations pour bien expliquer que la bibliothèque, ça n’est pas l’école et qu’elle offre bien davantage que la seule lecture scolaire. Les deux premiers jours du stage sont consacrés aux livres, à la découverte des livres, aux différentes catégories de livres : albums ; fiction jeunesse, usuels, romans, documentaire..., à leur usage, à leur public, à leur classement dans la bibliothèque. Les exercices se succèdent pour découvrir et mémoriser ces différents concepts qui ne leur sont pas familiers. Ensuite vient la question de la lecture : pourquoi lire ? etc.

La troisième journée est consacrée à la gestion de la bibliothèque. Les tâches ont été simplifiées et adaptées au fil du temps et de l’expérience, de telle sorte que les bibliothécaires passent la majeure partie de leur temps à conseiller leurs lecteurs et non à des tâches administratives non pertinentes. Les outils essentiels des bibliothécaires se réduisent ainsi à 4 registres : le registre d’inventaire, utile surtout lors de l’installation de la bibliothèque, le registre des adhérents pour recenser les caractéristiques des abonnés, et enfin le registre des prêts et celui des consultations sur place. A partir de ces quatre registres se construit naturellement et facilement le bilan annuel de fonctionnement, de la bibliothèque, outil de pilotage de l’activité, par excellence. Nous n’avons pas passé de longues années à exercer le métier de contrôleur de gestion dans la banque, pour négliger cet outil précieux. Les outils de gestion sont abordés au cours d’une seule journée, placée au milieu de la semaine avec des exercices pratiques sur des registres réels. Un support est remis aux participants en fin de session, rappelant tous les concepts abordés et donnant un exemple concret de bilan quantitatif et qualitatif.

La quatrième journée est consacrée à l’installation de la bibliothèque : le plan d’installation, les zones selon les usages où selon les publics, jeunesse, scolaire etc. Viennent ensuite les relations que la bibliothèque doit entretenir avec ses partenaires locaux : les autorités administratives et coutumières, le propriétaire du local, les directeurs d’établissements scolaires, les enseignants, les associations de parents d’élèves, les associations culturelles et sportives de la localité, etc.

Le dernier jour enfin est consacré à la question de la promotion de la lecture et de la bibliothèque auprès des lecteurs potentiels. Est également évoquée la charte qui lie les 3 parties impliquées dans le projet de bibliothèque : le propriétaire des locaux, l’équipe de gestion et Lire en Afrique. Ce document explicite le rôle et la responsabilité de chacun. A ce stade, les bibliothécaires sont mûrs pour réfléchir au fonctionnement de leur bibliothèque en rédigeant leur règlement intérieur. L’exercice s’effectue en petit groupe avec restitution et discussion.

Pour clore la session, chacun présente, face à ses coreligionnaires, l’un des trois livres que chaque stagiaire est incité à choisir à l’issue de la première journée parmi toutes la variété de livres jeunesse exposés dans la salle.

La méthode pédagogique utilisée est une méthode participative où le savoir est construit ensemble, selon la démarche de résolution de problèmes, afin qu’ils s’approprient les méthodes proposées comme étant les leurs. C’est un mode de formation auquel ils ne sont pas habitués avec l’installation des tables en cercle, animatrices et stagiaires au même niveau, tous encouragés à communiquer, se questionner ou s’interpeller mutuellement. Ils en sont agréablement surpris et ont fait leurs, les méthodes découvertes et construites tous ensemble.

En fin de stage, le livre édité par la joie par les livres « faire vivre sa bibliothèque » est remis à chaque bibliothèque.

  • Avril-2007, à Ngazobil, premier stage faire vivre sa bibliothèque

Le premier stage de ce type est organisé en résidentiel, sur une semaine, chez les sœurs de la congrégation du Cœur de Marie de Ngasobil. Leur couvent propose des hébergements touristiques, et dispose de chambres individuelles, d’une salle de formation et d’un restaurant. Son isolement à une dizaine de kilomètres de l’agglomération la plus proche, Joal, garantit l’assiduité des stagiaires ! Un aspect très important que le stage « jouer la science » organisé, à Yoff nous a appris, à nos dépends, car l’assiduité et la ponctualité ne vont pas de soi, les uns arrivaient l’après-midi, d’autres s’éclipsaient pour la prière de 14H et ne revenaient plus, d’autres encore venaient un jour et disparaissaient le lendemain.

Les soirées étaient occupées par la projection des films de Sembene Ousmane dont nous avions acheté le coffret, y compris le film qui n’a jamais été distribué, « Fat Kine », mais offert gracieusement par l’éditeur eu égard à notre activité au pays du réalisateur. C’était aux stagiaires de sélectionner le film du soir. La projection a été suivie de débats et commentaires passionnants. Les films de Sembene Ousmane sont peu connus au Sénégal, faute de distribution organisée. Le film Ceddo qui traite de la résistance à la colonisation et à l’islamisation de la part des « ceddos » provoquait immanquablement des discussions interminables. Un soir, un professeur de sociologie à l’Université Cheikh Anta Diop, Souleymane Gomis, nous a rejoint pour une causerie sur l’impact d’une bibliothèque sur le milieu. Lui-même étant à l’origine de la demande des bibliothèques du village de son enfance Simbandi Balante et Bambali, village des ancêtres de la famille.

Ce stage a permis de former 10 bibliothécaires issus des bibliothèques créées en 2006 et 2007.

Il a remporté un grand succès auprès des stagiaires très impliqués, des animatrices et même de nos hôtes, les sœurs de Ngasobil. Vivre tous ensemble dans le même lieu a généré une grande proximité entre eux, mais aussi avec les animatrices dont les effets se ressentiront longtemps après, lors de nos visites annuelles. Cette proximité nous est précieuse quand il s’agit de traiter, avec les bibliothécaires, des problèmes qu’ils rencontrent avec les autorités administratives, les enseignants, au sein de l’équipe, ou avec certains lecteurs. Les bibliothécaires isolés dans leur bibliothèque comptent bien souvent sur notre soutien dans ce type de circonstances.

Ngazobil : connaissance des livres
Ngazobil : module gestion de la bibliothèque
Ngazobil : repas au réfectoire - couvent des soeurs
  • Avril 2009 à Simbandi Balante second stage faire vivre sa bibliothèque

A cette période, c’est en Casamance que nous avions installé la majorité des nouvelles bibliothèques. Il était plus rationnel d’organiser la formation localement plutôt qu’à Ngasobil, très éloigné de la Casamance. Il nous fallait un lieu qui puisse offrir hébergement et repas pour une quinzaine de personnes, une salle assez vaste pour servir de salle de formation et une bibliothèque en proximité immédiate pour les exercices pratiques avec les livres.

Ce stage s’est déroulé en résidentiel dans le campement de Simbandi Balante, nouvellement construit par une l’ONG suisse « Nouvelle Planète », en partenariat avec un opérateur privé de Simbandi, Ibou Diallo, pour accueillir les équipes qui participent aux campagnes de reboisement de la mangrove dans le lit du fleuve Casamance.

Pour préparer toute l’installation avant l’arrivée des stagiaires, Marie Josèphe et Eliane sont arrivées trois jours avant à Ziguinchor. Notre chauffeur de taxi – Lamine Camara – nous attendait à l’aéroport pour nous conduire directement à Simbandi Balante.
La routine s’est rapidement mise en route ; installer la salle, et le matériel de projection d’abord, puis aller à la bibliothèque choisir les livres qui seront utilisés au cours des exercices, une partie du stage se déroulant dans les locaux de la bibliothèque, facilement accessible à pied depuis le campement. Dans cette bibliothèque, nouvellement construite, grâce aux contributions des populations locales et de la diaspora, il manque chaises et tables. Marie Josèphe et le chauffeur Lamine partent au bourg le plus proche, Goudomp, pour se les procurer ainsi que de quoi confectionner une table à partir des piétements trouvés sur place. Lamine Camara, menuisier avant de devenir chauffeur, s’est proposé pour fabriquer cette table. Il s’est révélé indispensable pour aller chercher les choses qui manquent toujours dans une telle situation. Il est donc resté toute la semaine avec nous, participant au stage, au même titre que les bibliothécaires alors qu’initialement, il devait rentrer à Ziguinchor après nous avoir déposées. Ce fut le début d’une grande amitié. Lamine se passionnait pour les bibliothèques, c’était le deuxième chauffeur, après Cheikh N’diaye, qui a assisté aux stages, est entré dans les bibliothèques avec nous lors des visites annuelles, s’impliquant dans les discussions avec les bibliothécaires pour appuyer nos dires en langue locale et avec d’autres arguments plus audibles pour les interlocuteurs.

La veille du stage, les stagiaires venant de Basse Casamance, de Dianki, Mlomp et Mahamouda sont arrivés ensemble. Ceux du Balantacounda : Djiredji, Bambali et Samine Escale, villages proches, sont arrivés le matin.

Le stage s’est déroulé dans une atmosphère studieuse et agréable. Tous ont apprécié que le stage se déroule en Casamance. C’est encore l’époque du conflit armé entre l’armée sénégalaise et les « rebelles » casamançais et les habitants du Nord du Sénégal refusaient alors de se rendre au Sud.

Nous adaptons un peu le contenu du stage avec des séquences en bibliothèques pour présenter les livres du fonds jeunesse et s’initier au classement des livres dans les rayonnages. La bibliothèque de Mahamouda est déjà installée avec l’aide de Lamine Diatta qui y a séjourné trois jours pour les assister. En revanche ceux de Samine, Dianki, et Djiredji n’ont pas encore déballé les livres, les deux derniers n’ont toujours pas reçu les étagères promises par leur village.

Les stagiaires semblent tous travailler la terre : rizières, arachides, noix de cajou, arbres fruitiers font le quotidien des conversations.

Chaque soir, projection en plein air sur les murs extérieurs du campement. Le voisinage arrive vers 21H, avec un petit banc. Au programme, les films de Ousmane Sembene « le camp de Thiaroye », « Emitai » en diola, « Ceddo » « Moolade ». Tous ont apprécié de voir ces films et plusieurs ont dit que Moolade était le plus intéressant. Ce film est un plaidoyer contre l’excision. Les populations vivant dans cette zone, diolas, balantes et mandingues, pratiquent majoritairement l’excision. Selon Lamine Diatta, l’ONG « Tostan » qui prône l’arrêt de l’excision en pays diola n’obtient pas de résultat. L’ONG arrive en créant des cours d’alphabétisation pour les femmes puis ensuite les incite à arrêter l’excision. Les femmes refusent maintenant d’aller aux cours d’alphabétisation parce qu’elles savent où l’ONG veut en venir. Malgré la dénonciation officielle, les pratiques demeurent. De plus, bien que l’excision soit interdite au Sénégal, les officiels (maires, préfets) participent aux cérémonies d’ouverture de l’initiation des filles (cérémonies au cours desquelles les filles sont excisées). Lamine nous a aussi révélé que son ethnie, les diolas, ne pratiquaient pas l’excision à l’origine, mais que le contact avec les mandingues en a répandu l’usage. Et, dit-il, « les anciennes se sont battues jusqu’à la dernière pour tenter de s’opposer à cette pratique. »

Simbandi Balante : stage théorique au campement
Simbandi Balante : stage à la bibliothèque
Simbandi Balante : déjeûner au campement
Simbandi Balante : Présentation de la dotation "Allez les Filles"
Exercice pratique : classer les livres
Le soir projection en plein air Films : de Sembene Ousmane
  • Février 2010 : Ngasobil troisième stage « faire vivre ma bibliothèque »

Le stage a été ouvert pour les nouvelles bibliothèques de Diouroup, Ngayokhem, Nioroki, Thiobon, Adéane, Djibanar, M’boss : 4 bibliothèques de Casamance et 3 du Sine Saloum.

Ngazobil : Les livres et leur public
Ngazobil : le kit de démarrage de la bibliothèque
Ngazobil : module gestion des bibliothèques
Ngazobil : exercice d’animation
Ngazobil : exercice pratique
Ngazobil : Fin de stage
  • Février 2011 : Ngasobil quatrième stage « faire vivre ma bibliothèque »

Le stage a accueilli les futures bibliothécaires de : Tenghori, Birkelane, Keur Saloum Diané, Djilor Saloum, Thiaré soit 4 bibliothèques du Saloum et une de Casamance

  • Février 2012 : Ziguinchor cinquième stage « faire vivre ma bibliothèque »

Pour les bibliothèques de : Dakar Fass, Ndiebel, Diattacounda, Camaracounda, Baranlir, Diegoune, Tendouck, Kartiak, Medina Cherif, Bissari Dioup, Sindialon, Kabiline, soit une bibliothèque du Sine Saloum, une de Dakar et 10 de Casamance. Le stage a eu lieu à Ziguinchor.

Il nous a semblé, cette fois encore, plus logique d’organiser le stage localement dans la mesure où la majorité des bibliothèques concernées était casançaises. La difficulté est toujours de trouver des locaux adaptés au stage. C’est finalement au campement Sangomar 2, situé au bord du fleuve que nous nous installons. Le site offre hébergement, restauration et une salle de réunion assez vaste pour diffuser le stage. Nous avons apporté avec nous les livres nécessaires aux exercices. Ces livres sont distribués aux bibliothécaires, à l’issue du stage.

Un temps est réservé à la visite de la bibliothèque du centre culturel français de Ziguinchor, où nous avons été accueillis par le bibliothécaire qui a présenté sa bibliothèque aux stagiaires. C’était plus que nécessaire qu’ils voient une bibliothèque avant de rentrer dans leur village. Comment positionner les livres sur les rayonnages, délimiter le secteur jeunesse, prévoir des tables et chaises pour travailler, etc. La plupart d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds dans une bibliothèque.
Tous les stagiaires ont souligné la qualité de la nourriture du campement Sangomar 2.

Ziguinchor : stage à Sangomar 2
Ziguinchor : atelier en petits groupes
Ziguinchor : gérer sa bibliothèque
Ziguinchor : rerpas
Ziguinchor : diplômes de fin de stage
  • Février 2013 : Ziguinchor sixième stage « faire vivre ma bibliothèque »

Le stage est organisé pour les 3 nouvelles bibliothèques de Casamance : Coubalan, Sindialon, Diacounda, dans le même endroit que celui de 2012, le campement Sangomar 2 au bord du fleuve Casamance.

  • Février 2014 Coubalan septième stage « faire vivre ma bibliothèque »

Ce stage compte 16 participants et 15 bibliothèques sont représentées : Nioro du Rip, Mboss, Malem Hodar, Ndoffane, Bissary Dioub, Baranlir, Nioroki, Sindialon, Camaracounda, Adeane.

La moitié des bibliothèques viennent du Saloum et l’autre moitié de Casamance. Pour 8 bibliothèques sur 11, il s’agit de former une nouvelle personne, la première équipe ayant laissé la bibliothèque sans former de successeur.

Le stage a démarré par une visite guidée de la bibliothèque de l’Institut Français de Ziguinchor afin que les stagiaires commencent à se familiariser avec l’univers des bibliothèques. Puis nous avons loué un un car rapide pour nous conduire, stagiaires et animatrices au campement de Coubalan, chargé de l’hébergement et de la restauration tandis que le stage se déroule dans les locaux spacieux de la bibliothèque de Coubalan nouvellement installée.

Les animatrices de Lire en Afrique sont arrivées quelques jours auparavant pour assister le bibliothécaire dans la réinstallation de la bibliothèque avant le démarrage du stage. Elle dispose d’une grande salle dans une construction neuve, financée par une ONG espagnole, pour un projet de point d’information pour les agriculteurs. Le bâtiment a été livré, mais le projet n’a jamais été mené à terme et le conseil rural a réaffecté les salles. La plus grande a été attribuée à l’usage exclusif de la bibliothèque.

Le stage s’est déroulé selon le programme préétabli sur cinq journées, complété en soirée par des débats et projections des films de Ousmane Sembene au campement villageois de Coubalan

Programme :

    • Accueil
    • 1°Présentation des stagiaires, des animatrices, de Lire en Afrique et du déroulement du stage ;
    • 2° Qu’est ce que Lire ? Connaissance des lecteurs, de leurs besoins, des différentes usages du livre ;
    • 3° Présentation découverte des livres, des catégories, des publics cibles des livres de la dotation reçue
    • 4° Gérer sa bibliothèque : les registres, les outils de gestion des bibliothécaires, les statistiques quotidiennes, le bilan annuel, l’auto-évaluation.
    • 5° l’installation de la bibliothèque, les espaces, les zones, la signalétique interne/externe
    • 6° les livres : les connaître, les classer, les prêter, les récupérer, les entretenir
    • 7°les lecteurs, les accueillir, les conseiller, les attirer
    • 8° Insérer la bibliothèque dans son milieu : la promotion de la lecture, les relations avec les établissements scolaires, les autorités administratives, etc
    • 9° La charte, le règlement intérieur, les relations avec le réseau Lire en Afrique.
Coubalan : la formation pratique à la bibliothèque de Coubalan
Coubalan : repas préparé par le campement
Coubalan : la formation en plein air au campement
Coubalan : la formation en plein air au campement
Coubalan : la remise des attestations de fin de stage
  • Décembre 2016 : Keur Madiabel, huitième stage faire vivre ma bibliothèque

Le stage a duré 3 jours et accueilli les nouveaux bibliothécaires de Keur Madiabel et de Kahone auxquels s’est joint le bibliothécaire et Ndoffane et, pour la séance finale, une forte délégation de la bibliothèque de Nioro du Rip, la plus ancienne du secteur. Tous les stagiaires étant enseignants, nous avons donc dû concentrer le stage et le passer de 5 à 3 jours, pour des questions de disponibilité.

L’hébergement trouvé via internet à partir de Paris est un campement pour chasseurs, tenus par des chasseurs corses, hôteliers à Keur Socé, qui a hébergé stagiaires et animatrices.

Le stage s’est déroulé dans la bibliothèque de Keur Madiabel nouvellement installée. Pendant que l’une anime le stage, l’autre revoit le classement pour faciliter les exercices prévus au cours du stage et préparer l’inauguration de la bibliothèque programmée pendant les fêtes de Keur Madiabel au cours des derniers jours de décembre.

Le soir grande fatigue générale. Tous sont fatigués d’être restés attentifs, une journée entière à entendre parler de choses inconnues. Et pourtant tous les stagiaires sont des enseignants, choisis pour appartenir chacun à un établissement scolaire différent.

Keur Madiabel : repas en commun
Keur Madiabel : Exercice pratique
Keur Madiabel : avec les bibliothèques du secteur
Keur Madiabel : Eliane et Marie Josèphe
Keur Madiabel : séance finale

FORMATION DECENTRALISEE PAR LES PAIRS A PARTIR DE 2015

A partir de 2015, les rythme de création des nouvelles bibliothèques se fait plus lent.
En Casamance, deux bibliothécaires aguerris ont pris l’habitude de se déplacer dans leur secteur pour apporter leur expertise et aider les nouvelles bibliothèques à s’installer. Tous deux sont en poste, sans discontinuer depuis plus de 10 ans, ils maîtrisent bien toutes les missions de la bibliothèque. L’un est à Simbandi Balante dans le Balantacounda, c’est Edouard Corréa, l’autre, Lamine Diatta, à Mlomp en Basse Casamance dans la boucle du Blouf.

Puisqu’ils apportent spontanément leur aide et se déplacent dans les villages environnants pour aider à organiser les bibliothèques et conseiller dans le classement des livres, nous leur avons demandé s’ils acceptaient de former les bibliothécaires des nouvelles bibliothèques de leur zone géographique. Ce qu’ils ont accepté.
La formation se déroule soit dans leur bibliothèque soit dans la nouvelle bibliothèque, selon leur choix.

Cette forme de démultiplication a bien fonctionné. Selon la règle établie par Lire en Afrique, dès lors qu’un bibliothécaire intervient pour le compte de Lire en Afrique, hors de la gestion de sa propre bibliothèque, il y a lieu de le dédommager.

  • 2015 : A Simbandi Brassou, formation du bibliothécaire de Simbandi Brassou par Edouard Corréa

Edouard Corréa a assisté le bibliothécaire de Simbandi Brassou dans l’installation des collections et l’a formé aux méthodes de gestion préconisées par Lire en Afrique. Il l’avait déjà fait auparavant, de sa propre initiative, pour Nioroki, de même il s’était rendu à Bambali et à Samine Escale à plusieurs reprises.

  • 2016 : A Mlomp formation des bibliothécaires de Djinaki, Thionk Essyl, Thiobon et de Baranlir par Lamine Diatta

Lamine Diatta est le doyen des bibliothécaires Lire en Afrique et il est passionné par la transmission des savoirs. A titre privé, il apporte un soutien scolaire aux élèves du village que les parents lui confient. Il connaît toutes les bibliothèques de sa zone et intervient en amont pour toute demande de bibliothèque émanant de la boucle du Blouf et en aval pour aider à classer les livres dans les rayonnages. C’est avec enthousiasme qu’il a accepté de former les bibliothécaires des nouvelles bibliothèques de Djinaki et de Thionk Essyl et de prendre en charge l’accompagnement des remplaçants pour les bibliothèques de Thiobon et de Baranlir.
De même en 2019, ce sont les bibliothécaires de Badiana qui seront formés par Lamine Diatta et en 2022 ceux de Kouba.

Mlomp : formation assurée par Lamine Diatta
Mlomp : exercice pratique à la bibliothèque de Mlomp
Mlomp : exercice de classement à la bibliothèque de Mlomp
  • 2016 : A Ziguinchor, journée de regroupement des nouveaux bibliothécaires et de leurs formateurs.

Pour compléter la formation dispensée par les correspondants locaux, Edouard Correa et Lamine Diatta, nous avons organisé une journée de regroupement des nouveaux bibliothécaires de Simbandi Brassou, Thionk Essyl, et Djinaki, de leurs formateurs ainsi que les nouveaux bibliothécaires de Thiobon et de Baranlir.
En faisant un tour de table, les difficultés énoncées portent sur la distinction entre les différentes catégories de livres et la synthèse des registres.
Heureusement nous avions pensé à apporter une quarantaine de livres des différentes catégories pour reprendre l’exercice par groupe. Marie Josèphe explique l’utilité des registres et comment faire rapidement des synthèses. Nous terminons assez tôt et renonçons à organiser un débat car ils sont fatigués, n’ayant pas l’habitude de rester assis et de se concentrer une journée entière en parlant le français.

Ziguinchor : regroupement
Ziguinchor : repas en commun

AUTRES STAGES ORGANISES PONCTUELLEMENT

  • Avril 2009 : création du stage « mise en mains des dotations de renouvellement » à Joal

La connaissance des livres est toujours un problème. Il est évident que, ne lisant pas, et n’ayant jamais lu, les bibliothécaires ne connaissent pas les livres. Lorsque nous distribuons des compléments de dotation, nous nous rendons compte qu’il est nécessaire de présenter chaque livre et ses usages. Nous organisons alors un nouveau type de stage pour familiariser les bibliothécaires au contenu des ouvrages des dotations de renouvellement.

Ce stage de 2 jours se déroule à Joal, dans notre local. L’hébergement des stagiaires et la restauration sont organisé à l’hôtel le Finio, situé non loin de là, tandis que les animatrices logent chez les sœurs franciscaines Ce stage ne s’adresse pas à des bibliothécaires débutants mais à des bibliothécaires en poste dont la lacune principale porte sur la connaissances des livres et ce, pour les 8 bibliothèques destinataires des dotations de renouvellement : Malem Hodar, M’boss, N’gayokhem, CEM Dioffior, Collège Petite Cote, Meckhé, N’dande ainsi que celle de Diouroup.
Après s’être familiarisés avec les dotations qu’ils viennent de recevoir, ils seront amenés à mettre ces nouveaux livres en valeur dans leur bibliothèque, d’identifier les publics auxquels ils sont destinés et d’en faire la promotion. Les livres sont classés par thème et le stage se déroule alternativement dans la bibliothèque du collège de la Petite Cote pour les fictions puis dans le local de Lire en Afrique pour le para scolaire, les documentaires et les albums bien étalés à plat. Les livres sont présentés un a un a l’appui du catalogue qui leur est remis.

Joal : stage de mise en main de la nouvelle dotation
Joal : des brochures thématiques comme support pour présenter les collections
Joal : bibliothèque, mais aussi ludothèque
  • 2011 Dakar stage spécifique sur les outils de gestion et le bilan annuel pour les bibliothécaires de la ville de Dakar

Lire en Afrique ne s’est jamais proposée pour former les personnels en poste dans les douze bibliothèques qu’elle a installées dans les centres socio-culturels de la ville de Dakar. Ces personnels sont gérés par l’administration de la ville qui a ses propres règles en matière d’affectation et de gestion des personnels.
Cependant, après les avoir équipés d’une dotation spécifique Lire
en Afrique, nous avons pris l’habitude de visiter chaque année chacune des bibliothèques des centres culturels de la ville de Dakar et avons noués des relations personnelles avec les bibliothécaires. Elles utilisent des fiches pour les prêts et n’ont pas la capacité de faire des bilans d’activité faute de disposer d’informations facilement utilisables.

Le stage proposé est destiné à ces bibliothécaires des centre socio-culturels de la ville de Dakar. L’objectif étant de proposer une méthode simple et accessible permettant d’établir des bilans d’activité quantitatifs et qualitatifs de leur bibliothèque.

Tous les centres sont représentés à ce stage, y compris ceux qui n’ont pas encore de bibliothèque. Le stage se déroule dans les locaux du centre culturel Sacré Cœur. Marie Josèphe insiste sur la nécessite de piloter son activité en faisant parler les registres selon une méthode simple qu’elle explicite craie en mains, illustrée en fin de stage par un support de sa création.

Dakar - Sacré coeur : gérer sa bibliothèque
Dakar - Sacré coeur : gérer sa bibliothèque

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