SÉMINAIRE D’ÉVALUATION DE LA CAMPAGNE "MOI, JE LIS", EN 2007

mardi 7 mars 2023
par  LEA

Comme prévu, un an après le lancement de la campagne de promotion de la lecture, "Moi, je lis ", Lire en Afrique organise, en décembre 2007, à Ngasobil, un séminaire d’évaluation de cette campagne « . Les 20 bibliothèques impliquées dans la campagne reçoivent, préalablement, un questionnaire d’autoévaluation et sont invitées à envoyer un représentant passer deux jours à Ngasobil pour titrer un bilan collectif des initiatives réalisées et des résultats obtenus.

Quelques jours avant le séminaire, Marie Josèphe et Éliane font le tour de toutes les bibliothèques, pour rencontrer les équipes sur place, et, faire le point sur les questions ou problèmes particuliers rencontrés par les uns et les autres afin de pouvoir les évoquer lors du séminaire

Le séminaire de 2 jours à Ngasobil se déroule de la façon suivante :

  • Dans un premier temps, sont traitées les données quantitatives en exploitant les statistiques de fréquentation et leur évolution à l’issue de la campagne « Moi je lis ».
  • Puis chacun est invité à noter sur des papiers autocollants (post it), les initiatives prises par leur bibliothèque pour développer leur lectorat. Toutes ces initiatives sont rassemblées sur un tableau puis classées par grand type d’actions. Ce travail se fait collectivement, les animatrices n’étant là que pour organiser le débat.

Les bibliothèques participants au séminaire

  • Bibliothèque Ousmane Sembene de Yoff (communautaire), créée en 1992, 12000 livres
  • Bibliothèque Issa Samb, Centre Culturel de Ouakam (ville de Dakar), créée en 1997, 8 000 livres
  • Bibliothèque du Centre Culturel de N’gor (ville de Dakar), créée en 1997, 8 000 livres
  • Bibliothèque communautaire de Sébikotane, créée en 1998, 6 500 livres
  • Bibliothèque communautaire de Thilmakha, créée en 1999, 3 000 livres
  • Bibliothèque communautaire de Bargny, créée en 1999, 6500 livres
  • Bibliothèque communautaire de N’dande, créée en 2001, 3 000 livres
  • Bibliothèque associative de Meckhé, créée en 2004, 500 livres
  • Bibliothèque du Centre Culturel Yoff Extension (ville de Dakar), créée en 2004, 4 500 livres
  • Bibliothèque du Complexe Leopold Sédar Senghor (ville de Pikine), créée en 2005, 9 500 livres
  • Bibliothèque communautaire de Mlomp, créée en 2005, 2 000 livres
  • Bibliothèque du foyer de Dioffior (associative), créée en 2006, 2 000 livres
  • Bibliothèque du CEM de Dioffior (scolaire), créée en 2003, 3 000 livres
  • Bibliothèque du Collège de la Petite Côte (scolaire), créée en 2006, 1 000 livres
  • Bibliothèque du Centre Culturel de Point E (ville de Dakar), créée en 2006, 3 500 livres
  • Bibliothèque de Thiaroye(associative), créée en 2006, 4 000 livres livres
  • Bibliothèque de Simbandi Balante (communautaire), créée en 2007, 3 500 livres
  • Bibliothèque communautaire de Bambali, créée en 2007, 2 500
  • Bibliothèque communautaire de Ngothie, créée en 2007, 2 000
  • Bibliothèque communautaire de Malem Hodar , créée en 2007, 1 500

Hétérogénéité des statuts et des modes de fonctionnement de ces bibliothèques :
Il faut d’emblée souligner que ces bibliothèques n’ont pas toutes le même statut, ni les mêmes modes de fonctionnement.

  • Les bibliothèques communautaires :
    ²L’association Lire en Afrique, lorsqu’elle est sollicitée pour mettre en place une bibliothèque, préconise un mode de fonctionnement qui a été adapté à la réalité de la plupart des localités. Une équipe de gestionnaires bénévoles doit assurer son renouvellement en intégrant les lecteurs passionnés et volontaires. L’adhésion demandée aux lecteurs doit être proche de zéro, budget rendu possible avec l’intégralité des fournitures procurées par Lire en Afrique ainsi que le fonds documentaire et son renouvellement. Les locaux, ne doivent générer aucune charge (à la charge d’une autre structure : municipalité, communauté, etc.).
    Le temps d’ouverture au public est restreint : plages de 2 ou 3 heures, 2 ou 3 fois par semaine, aux jours et aux heures où la population scolaire n’est pas en classe. De cette façon la gestion bénévole est compatible avec toute autre activité scolaire ou professionnelle. C’est le cas de la plupart des bibliothèques listées ci-dessus, nommées bibliothèques communautaires.
  • Les bibliothèques associatives :
    Elles diffèrent des bibliothèques communautaires, en ce sens, qu’elles sont dépendantes de la structure qui les gère. Souvent ces associations (A.S.C) ont d’autres activités lucratives : cours de soutiens, cours d’informatique, garderie, et des contradictions peuvent apparaître entre les objectifs de l’association et le bon fonctionnement de la bibliothèque. On peut étendre ce cas aux bibliothèques de foyer des jeunes. Dans ce type d’organisation, toutes les activités concourent à financer la structure, la bibliothèque n’est pas autonome financièrement. Les cotisations des adhérents de la bibliothèque sont utilisées à d’autre fin que la stricte gestion de la bibliothèque. Pour générer le maximum de revenus, elles ont tendance à fixer le tarif des adhésions annuelles à la bibliothèque à un niveau élevé, ce qui devient un obstacle insurmontable pour les lecteurs. La désignation du bibliothécaire se fait de façon autoritaire. La personne ainsi choisie, membre de l’association, n’est pas pour autant familière des livres, et pas même volontaire pour gérer la bibliothèque, d’où un manque d’implication, une incapacité à attirer et conseiller les lecteurs et souvent c’est le laisser aller qui s’instaure au péril de la bibliothèque. Les équipes fonctionnent souvent en vase clos et refusent d’intégrer les lecteurs dans la gestion de la bibliothèque, ce qui apporterait un renouvellement bénéfique à l’activité. Dans ces conditions, il n’est pas rare que la bibliothèque périclite rapidement.
  • Les bibliothèques dépendant de structures municipales :
    C’est le cas des bibliothèques installées dans les Centres Culturels de la ville de Dakar (Yoff Extension, N’gor, Ouakam et Point E) ainsi que de la bibliothèque du Complexe Léopold Sédar Senghor de Pikine. Ces bibliothèques ouvrent au public chaque jour de la semaine, aux heures de bureau. Elles sont intégrées à des structures plus vastes, proposant d’autres activités (cours de couture, théâtre, préscolaire, concerts….). Les personnels y sont affectés et gérés par la municipalité. Ce mode de fonctionnement, loin de constituer une situation idéale, est source de handicaps pour l’activité de bibliothèque. L’absence d’autonomie des bibliothécaires et leur peu de capacité d’initiatives mène à la sclérose. Les horaires du bureau pratiqués sont inadaptés au public majoritaire de ces bibliothèques que sont les jeunes scolarisés. De plus, les municipalités n’attribuent aucun budget pour l’achat des livres et l’organisation de manifestations culturelles. Les bibliothécaires sont des agents municipaux non formés à l’activité de bibliothèque, souvent peu assidus ou bien ce sont des volontaires bénévoles, médiocrement dédommagés directement par le centre.
  • Les bibliothèques dépendant de structures scolaires :
    Nous avons été amenées à installer des bibliothèques dans des écoles mais destinées à fonctionner pour toute la communauté. Au fil du temps, ces bibliothèques finissent par tomber sous la coupe de l’administration scolaire qui n’est pas nécessairement intéressée par cette activité. Nous avons rencontré beaucoup de déboires qui ont suscité notre découragement de voir ces bibliothèques tomber rapidement en quasi abandon : fermeture de la bibliothèque, affectation du local à d’autres fins, dilapidation des livres par manque de rigueur dans la gestion des prêts, abandon des livres aux termites. On peut citer : lycée de Matam, Ecole élémentaire Aminata Sow Fall de Yoff, Ecole élémentaire de Keur Massar, de Niaga, de Fimela.

Résultats de la campagne de promotion : Augmentation de la fréquentation de la bibliothèque

Le nombre d’adhérents

  • 2 bibliothèques se détachent avec plus de 500 adhérents dans l’année : la bibliothèque du CEM de Dioffior et celle de Meckhé. Mais leur mode de décompte est différent : à la bibliothèque du CEM de Dioffior, tous des élèves du CEM sont adhérents d’office. La cotisation est incluse dans le paiement annuel de l’inscription au CEM. Ce sont en quelque sorte des adhérents captifs qui ne sont pas nécessairement des lecteurs.
  • 6 bibliothèques se situent entre 250 et 350 adhérents : N’dande et Thiaroye, Yoff, N’gor, Thilmakha, Mlomp
  • 2 bibliothèques dépassent 100 adhérents, après plusieurs années de fonctionnement : Yoff Ext et Dioffior Foyer
  • 2 bibliothèques ont moins de 50 adhérents après au moins un an de fonctionnement : Point E et Ouakam et 5 bibliothèques n’ont que quelques mois d’existence, mais enregistrent des résultats très prometteurs.
    L’impact de la campagne de promotion de la lecture sur le nombre des adhérents
    Lorsque l’on mesure la progression du nombre d’adhérents sur un an on peut mesurer les effets positifs à
    • Meckhé +277 adhérents + 117 %
    • Dioffior CEM +197 adhérents + 52 %
    • Thiaroye +192 adhérents + 112 %
    • N’gor +104 adhérents + 83 %
    • Thilmakha + 78 adhérents + 36 %
    • Mlomp + 39 adhérents + 16 %
    • Yoff extension + 28 adhérents + 31 %

Malheureusement 3 bibliothèques d’implantation ancienne enregistrent des baisses d’activité :

  • Ouakam - 42 adhérents - 67 % des adhérents de 2006
  • Yoff Bosy - 60 adhérents - 17 %
  • Dioffior foyer - 21 adhérents - 13 %

Zone rurale et zone urbaine
Les bibliothèques situées en milieu rural ont, en général, un meilleur taux de fréquentation que celles situées en zones urbaines pourtant plus peuplées et théoriquement mieux pourvues en établissements scolaires, vivier des bibliothèques. Ainsi, sur les 6 bibliothèques en tête du classement aux résultats comparables Thiaroye, Yoff et N’gor sont situées en zone urbaine, tandis que N’dande, Thilmakha et Mlomp sont établies en zone rurale.
Mlomp, village de Casamance, relié au goudron par 30 km d’une mauvaise piste, compte autant d’adhérents que la BOSY très bien implantée à Yoff, ville de 50 000 habitants.
Les villages du Cayor : Meckhé, N’dande et Thilmakha, ne disposent pas d’une population ou d’infrastructures particulières qui expliqueraient la haute fréquentation de ces bibliothèques. Seul le dynamisme et l’implication des équipes sont à l’origine de ces bons résultats.

Amplitude d’ouverture de la bibliothèque et taux de fréquentation
On remarque que les bibliothèques des centres culturels de la ville de Dakar (Yoff Ext, Ouakam, N’gor et Point E), ouvertes au public, du lundi au vendredi aux heures de bureau, enregistrent une fréquentation bien moindre que celles des bibliothèques communautaires, ouvertes seulement 2 heures, deux ou trois jours par semaine.

Quelles leçons tirer de ces résultats ?

  • Leçon 1 : Les efforts sont payants :
    On remarque que les équipes qui se sont mobilisées autour des objectifs de la campagne enregistrent des résultats positifs. Il y a une corrélation très nette entre le nombre et l’originalité des initiatives et le gain d’adhérents : Meckhé, Thilmakha, Dioffior CEM, Thiaroye
  • Leçon 2 : Le prix de l’adhésion a un impact sur le taux de fréquentation
    On s’aperçoit que les tarifs élevés sont dissuasifs. Il semblerait que les meilleurs résultats vont vers les bibliothèques qui pratiquent les tarifs les plus démocratiques, les plus en accord avec les revenus des familles.
  • Leçon 3 : l’adaptation des heures d’ouverture à la disponibilité des élèves est capitale.
    Comme toutes les activités de loisirs et de culture, les bibliothèques, pour se mettre au service de leur public potentiel, se doivent d’ouvrir aux heures de disponibilité des lecteurs. A défaut, les bibliothèques ne seront jamais que de lieux sans vie.

62 initiatives prises par les bibliothèques du réseau Lire en Afrique

Les équipes de bibliothécaires ont rivalisé d’idées pour décliner la campagne de promotion de lecture « Moi, je lis ». Elles ont su s’adapter à leur milieu pour lancer des initiatives originales. Ces 62 initiatives ont été reclassées en 3 grandes rubriques :

  • Les initiatives relevant de la gestion courante de la bibliothèque,
  • Les initiatives pouvant devenir des actions récurrentes
  • Les actions phares

INITIATIVES RELEVANT DE LA GESTION COURANTE DE LA BIBLIOTHÈQUE

  1. Préserver les livres de la bibliothèque
    Simbandi : Pour mieux utiliser les ressources, prêter collectivement les annales rares non pas à des individus mais à des groupes de 4 emprunteurs
  2. Améliorer la signalétique
    Thilmakha : Mettre en place la signalétique interne/externe
  3. Valoriser les livres de la bibliothèque auprès des lecteurs
    Thilmakha : Discuter des fonds existants dans et à l’extérieur de la bibliothèque et exposer les œuvres présentes à la bibliothèque et organiser des visites guidées et commentées des documentaires scientifiques,
  4. S’intéresser aux lecteurs
    Petite Cote de Joal : Rencontrer les lecteurs pour leur faire comprendre l’importance de la lecture
    Mlomp : Faire aimer la lecture aux lecteurs qui n’ont pas l’habitude en leur recommandant les albums ou les petits romans qui ont le moins de pages
  5. Approcher et faire venir le public cible des bibliothèques : les jeunes
    Dioffior : Se rendre au CEM pour les informer de l’existence de la bibliothèque et les inviter à s’inscrire
    Meckhé : Pour familiariser les jeunes avec la bibliothèque, accueillir dans les locaux
    les manifestations des clubs du CEM et du lycée et Tenir à la bibliothèque les réunions d’un club de jeunes
  6. Aller à la rencontre du lectora
    Mlomp : Sensibiliser les écoles et les enseignants
    Ouakam, Point E, Malem Hodar, Mar Lodj, Thiaroye :Aller vers les écoles et sensibiliser leurs directeurs
  7. Mieux intégrer la bibliothèque dans son milieu
    N’dande :Chercher à sensibiliser les autorités locales à l’importance de la bibliothèque en organisant des visites
    Mar Lodge : Sensibiliser les villageois sur l’importance de la lecture et faire visiter la bibliothèque
    Ngothie : Organiser un affichage sur les places publiques
  8. Diminuer le prix de l’adhésion
    Ngothie, Meckhé : Diminuer le prix de l’adhésion

INITIATIVES POUVANT DEVENIR RÉCURRENTES

  1. Animer la bibliothèque
    Mlomp : Faire des concours de lecture avec les petits abonnés
    Meckhé : Organiser une journée portes ouvertes
    N’gor : Organiser des séances de génie en herbes mensuel
    Meckhé : Organiser des séances collectives de préparation des exposés avec les élèves à partir des ressources de la bibliothèque
    Dioffior : Organiser des groupes de lecture autour des romans : la blessure, le mariage forcé, la gifle
    Yoff Ext : Organiser des Jeux concours sur l’œuvre de Sembene Ousmane
    Point E : Projeter des films animés
    Point E : Animer des lectures de contes
  2. Faire la promotion de la bibliothèque}
    Thiaroye : Tenir une réunion d’information avec les enseignants de la localité
    Meckhé, Thilmakha : Participer aux activités du foyer du CEM
    Thiaroye : Distribuer les brochures présentant les fonds thématiques
    Yoff Ext : Concevoir, réaliser et diffuser un Spot publicitaire à la télé communautaire chaque samedi .
    Ngothie : Mettre des pancartes sur la bibliothèque lors des manifestations sportives
  3. Faire la promotion de la bibliothèque et mieux l’insérer dans ses milieux
    N’dande : Faire le tour du village pour rencontrer les groupements féminins et les ASC des quartiers
    Malem Hodar : Sensibiliser les mères de familles via la responsable des groupements féminins (ce sont elles qui orientent les enfants vers les bibliothèques et procurent le prix de l’adhésion) et la population en passant par le crieur public
    Ngothie : Organiser des conférences sur la place publique
    Meckhé : Construire un partenariat avec le censeur du CEM pour les petits classiques et annales
    Mlomp : Prêter les documentaires aux enseignants
  4. Attirer les lecteurs
    Meckhé : Faire circuler un carton ambulant de 100 livres dans les écoles
    Mar Lodj : Organiser des journées culturelles à la bibliothèque
  5. Animer la bibliothèque
    Dioffior : Organiser l’exposition en février 2007 du kit Léopold Sedar Senghor et créer une chorale et chanter les poésies de LS Senghor (Mr Thiam)
    Thilmakha : Rédiger et faire circuler un compte rendu de la fête Senghor à Joal, Collecter des affiches pour décorer la bibliothèque, utiliser les journées nationales pour programmer les initiatives de la bibliothèque
    Ngasobil, Dioffior : Donner des cadeaux/récompenses aux meilleures lectrices
    N’dande : Animer la bibliothèque par des supports : distribuer les pagnes, organiser des exposés, solliciter les enseignants
    Thilmakha : Organiser des cours de vacances gratuits
  6. Développer le fonds de la bibliothèque
    N’gor : Rechercher des partenariats pour obtenir des livres
    Diminuer (voir supprimer) le prix de l’adhésion
    Meckhé : Proposer l’adhésion gratuite d’octobre à janvier pour inciter les jeunes à s’inscrire dès la rentrée scolaire

Débats

Lors du séminaire les initiatives ont été non seulement recensées mais aussi commentées par les bibliothécaires qui les avaient mis en œuvre au cours d’un mini débat. Certaines idées se sont alors dégagées :

  • Le prix de l’adhésion :
    Moussa Djitté de Meckhé : Nous bénéficions enfin d’un local gratuit, mis à disposition par la mairie et comme Lire en Afrique nous fournit les livres, les registres et les cartes d’adhésion, nous n’avons pas de dépenses. Avec les cotisations, nous avons acheté le matériel d’entretien mais on ne va pas le renouveler tous les ans. Nous n’avons donc plus de frais, raison pour laquelle nous avons décidé de rendre les adhésions gratuites depuis la rentrée.
    Moustahin Gueye de Thilmakha : Les charges d’investissement (nouvelles étagères, achat de certains livres) doivent être financées par des recettes exceptionnelles, autres que l’adhésion. Nous avons sollicité des donateurs pour financer des nouvelles étagères et les étudiants boursiers cotisent 5000 F par an pour acheter certains livres.
    Les initiatives pour promouvoir la lecture :
    Moussa Djitté de Meckhé : La liste des initiatives constitue, pour nous, un instrument de travail. Nous pouvons sélectionner telle ou telle action, l’adapter et l’expérimenter dans notre bibliothèque. Nous disposons ainsi d’un catalogue d’actions possibles où puiser et même obtenir les conseils de ceux qui les ont déjà réalisées.
  • Accueil du fonds Littérature africaine non au programme :
    Lamine Diatta de Mlomp : les titres qui ont été particulièrement demandés dans les nouveaux fonds sont Mame Dictateur, Excellence vos épouses, Le marabout de la sécheresse.
    Moussa Djitté de Meckhé : Les œuvres d’Ousmane Sembène ont été demandées à l’occasion de sa mort, le livre Fatou Diome aussi parce que l’auteure passe à la télé.
  • Accueil du fonds littérature jeunesse des éditeurs africains
    Titres cités ayant été les plus appréciés du public : Le mariage forcé (NEI), la gifle (Ruisseaux d’Afrique) Un papy sympa (NEI), Le cahier noir (NEI), La poupée (NEI)
    Alioune Cissé du CEM Dioffior : « Ce sont de petits romans, comme « la gifle », par exemple, qui se passe dans un internat, Les élèves viennent lire par classe et par affinité. J’ai organisé, à la bibliothèque, des discussions en regroupant des lectrices qui avaient lu le même livre ».
    Moussa Djitté de Meckhé : j’ai lu le cahier noir et je me suis retrouvé dans ce livre.
  • Accueil de la Collection Adoras (romans sentimentaux édités par NEI)
    Moussa Djitté de Meckhé : J’ai des lectrices qui ne viennent que pour la collection ADORAS. J’ai eu 150 nouvelles abonnées grâce à ce fonds.
    M’baye Fall de N’dande : S’y intéressent les adolescents de 14 à 18 ans, mais aussi les adultes.
    Ousmane N’doye BOSY de Yoff : Les Adoras, c’est très bien, parce que ça apprend aux filles à se défendre.
    Syré N’diaye de Malem Hodar : Une adhérente de Malem Hodar, est venue tout de suite, dès l’ouverture de la bibliothèque. Elle m’a demandé le titre « Destins Croisés », je ne savais même pas ce que c’était, elle me l’a montré et m’a expliqué. Maintenant je connais la collection Adoras. (Précision de la bibliothécaire de Ngasobil : ce roman a été adapté à la télé).
  • Fonds scientifiques
    M’baye Dieye de Ngothie : A Ngothie : je les utilise pour préparer mes cours (M’baye, est professeur de SVT).Moussa Djitté : On utilise le présentoir pour les mettre en valeur, ils sont utilisés pour préparer les exposés.
    M’baye Fall de N’dande : les documentaires les plus utilisés sont ceux qui parlent de la terre et du corps humain.
    Angélique de Point E : J’ai un présentoir rien que pour les documentaires. Les enfants sont beaucoup attirés par les images, même s’ils ne comprennent pas
    Lamine Diatta de Mlomp :« Qu’est-ce qu’il y a dans mon corps », Il avait été emprunté mais corné, je ne l’ai plus laissé sortir, mais depuis j’ai recommencé à le prêter aux filles.
    Syré N’diaye de Malem Hodar : Moi j’avais ces livres dans les rayons, personne ne les regardait. L’autre jour, vous êtes passées et vous l’avez montré en le sortant du rayon, alors le professeur de sciences qui était là l’a vu et l’a pris pour le regarder, il est resté des heures avec.
    Alioune Cissé de Dioffior : Quand j’ai de nouveaux livres, je les regarde parce qu’après je peux conseiller et je peux, par exemple, orienter mes collègues professeurs. Connaître les livres et être en rapport avec le contenu, c’est la mission du bibliothécaire.
  • Les expériences scientifiques
    Moussa Djitté de Meckhé : Pour organiser les séances d’expérimentation et attirer le public, je ne sais pas comment m’y prendre. (N.B. les bibliothécaires ont été formés début 2007 à l’animation scientifique et dotés d’un fonds de documentaires scientifiques, la formation leur a appris à réaliser des expériences scientifiques en relation avec les ouvrages au cours de séances d’animation destinées à attirer les lecteurs).
    M’baye Fall : De retour du stage d’animation scientifique, j’ai montré l’expérience du ludion aux bibliothécaires pour leur permettre de faire ça dans leur village.
    Moustahin Gueye : L’expérience sur la pression atmosphérique a été montrée lors des manifestations culturelles.
    Wali : On a utilisé les questionnaires (quiz réalisé grâce à un circuit électrique) comme support d’animation lors de la journée de remise des prix.
    M’bene Diack : Parmi les expériences apprises lors du stage, j’ai utilisé les volcans et l’eau qui monte dans la bouteille avec la bougie. Je l’ai fait le mercredi après-midi et les élèves m’ont dit qu’ils allaient reproduire l’expérience chez eux.
  • Les supports : Pagnes, tee-shirts, stylos et petits cadeaux
    Dans l’ensemble, les bibliothèques ont utilisé les supports comme l’association l’avait recommandé et les ont distribués aux lecteurs, soit au cours d’initiatives, soit comme récompense aux lecteurs et lectrices les plus assidus. Ces cadeaux ont été très appréciés des lecteurs, et il en faudrait d’autres.
    Impact du logo, la petite fille :
    M’bene Diack : Le logo « Moi, je lis » ça peut inciter à la scolarisation des filles
    Wali Faye : Une jeune fille m’a dit, est-ce que ça va pousser les filles à aller à l’école ?
    Paul Ndiaye C’est simple et explicite
    Moussa Djitté : Au travers de la campagne, ça a permis de donner plus d’intérêt à la bibliothèque. Avant c’était un truc de jeunes. Mais avec les pagnes, les Tee-shirts, les populations ont vu que c’était sérieux. Quand un directeur d’école vient te dire, mais où as-tu eu ces Tee-shirts ? ça donne de l’importance à la bibliothèque. La bibliothèque s’affiche, on voit ses effets à l’extérieur.

Remise des prix :

A l’issue de ce séminaire, nous avons remis :
Le prix d’excellence 2007 avec comme trophée une pirogue à Moussa Djitté pour les très bons résultats obtenus à Meckhé
Le prix d’initiative symbolisé par le beau livre « La terre vue du ciel » a été remis à 3 bibliothèques ex aequo :

  • Moussa Djitté pour la bibliothèque de Meckhé
  • Alioune Cissé pour la bibliothèque du CEM de Dioffior
  • Moustahin Gueye pour la bibliothèque de Thilmakha

Perspectives

Il semble qu’il y a pour certains participants un manque de connaissance des relations entre les bibliothécaires et l’association Lire en Afrique. La convention que nous avions mise au point pour Yoff et Dagana devrait être réactivée sous forme de brochure à donner à chaque bibliothèque.
Angélique : Comme nous devons rendre compte à nos supérieurs, nous ne savons pas quelles sont les règles de fonctionnement avec Lire en Afrique, et entre Lire en Afrique et nos supérieurs hiérarchiques de la mairie de Dakar.
MbayeFall : Avec le préambule (N.B. chapitre introductif de la convention), on sait quel est notre rôle et quelle est notre relation avec Lire en Afrique. Point important : on précise que c’est du bénévolat.

Penser les nouvelles dotations thématiques

A la fin du séminaire, Lire en Afrique lance la réflexion sur les acquisitions à envisager pour les prochaines dotations thématiques.
Proposition de dotation en documentaires africains
Lire en Afrique expose une sélection des documentaires sur l’Afrique et le Sénégal issus des kits thématiques plus une série de 12 titres nouvellement édités par un collectif de 12 petits éditeurs africains regroupés sous le concept « enjeux planète ». Les bibliothécaires sont invités à les découvrir et à en choisir une trentaine qui pourront être achetés pour toutes les bibliothèques en 2008. Ils sont invités à faire des suggestions.
Mbaye Fall : La solution c’est de faire beaucoup d’animation avec ces livres, sortir de la bibliothèque, sinon les livres restent dans les rayons. Les documentaires serviront aux étudiants pour ouvrir leurs perspectives. Ça va enrichir le contenu de notre bibliothèque. Un catalogue permettrait d’en faire la promotion.
Moussa Djitté : Avec ces documentaires, je pourrais faire des débats limités à 5 participants, des terminales, par exemple, le mercredi soir.
Alioune Cisse : Donner de l’importance au livre dépend entièrement des bibliothécaires. Les enseignants n’ont qu’une connaissance académique. Dans ma bibliothèque, j’ai montré l’exposition Senghor (réalisée par Lire en Afrique.). J’ai demandé aux enseignants ce qu’ils savaient sur le sujet et je leur ai ensuite montré ce qui était dit dans les livres. Les versions étaient très différentes, par exemple sur l’histoire de Mamadou Dia.
Mamadou Gueye : Je retiens le thème de l’eau par exemple, on peut s’imprégner du sujet pour en parler.
Alioune Cissé : Dans notre CEM, l’association Visa santé, représentée par un vieux monsieur de 87 ans vient faire des projections sur le sujet de la « santé de la reproduction ». C’est très important. Il m’a proposé de me donner son projecteur pour passer les diapos.

Ouvrages traitant de la contraception :

Moussa Djitté : La contraception c’est un tabou. Ce n’est pas facile de faire des choses par rapport à la sexualité. On ne peut pas en parler devant un grand public. Mais on trouve des clubs Ever, dans tous les CEM, on peut travailler avec eux.
Waly Faye : Sur le thème « Est-ce que le Sida existe ? » J’ai fait un exposé avec le groupe des coiffeuses de Thiaroye et Pikine et l’information est bien passée.
Mbaye Fall : Dans certains milieux, si tu parles de sexualité, alors on retire l’enfant de la bibliothèque.


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